mardi 16 janvier 2018

Mosaïque contemporaine, de l'Italie à Montréal (Québec)

Croire que tout peut arriver par la pensée, j'en suis adepte.

La rédaction d'un livre pour un client a été le déclencheur de ma recherche. En effet, le sujet du roman biographique était passionnant mais très perturbateur. Des scènes difficiles à rédiger vu le caractère du contenu du livre en marche m'ont poussée à trouver un exutoire qui me permettrait de m'évader, de me sortir d'un environnement lourd que créait le livre. Que faire pour m'échapper de temps à autre? J'ai commencé à faire des recherches sur le Web. J'avais déjà un plan pour la concrétisation d'un projet d'art, mais après plusieurs tests, je ne voyais pas comment réaliser les oeuvres. Je ne sais plus comment ou par qui je suis tombée sur la mosaïque, mais je me suis jetée pieds joints dans l'aventure en prenant contact avec Isabelle Marisall. 

Je l'ai contactée en juillet pour accepter de prendre un cours à son atelier dans les Cantons de l'Est. Un atelier situé au fond d'un très beau et charmant boisé. Trois jours merveilleux. Je découvrais cet art nouveau pour moi, ses outils et sa pratique. Pas facile de couper des tesselles avec des outils consacrés. C'est en revenant à mon propre atelier que la passion n'a pas cessé de m'attirer vers la création, cette fois spontanée. Mes premières oeuvres ont été un exercice pour situer l'espace et pour couper adéquatement les morceaux de céramique nécessaires. J'ai découvert aussi l'atelier Phébus de Grondine où je vais acheter mes céramiques faites main. Des petits bijoux. Une découverte: des gens passionnés pour cet art qu'ils transmettent en donnant des cours un peu partout au Québec. 

Je me suis donc lancée seule avec mes outils et ma créativité. Certes, six mois après mes premières «oeuvres», je suis en mesure de constater les erreurs de style. Mais sur le métier remettait cent fois le travail, ne dit-on pas? J'ai commencé à faire mon logo. Puis trois autres tableaux:

Mon logo, mon atelier ArtMINY. (Photo: D. MINY).


J'ai placé mon «oeuvre terminée» là où j'avais eu l'inspiration. (Photo: D. MINY).

J'ai suivi des lignes que j'avais tracées. (Photo: D. MINY).

Je marchais cet automne sur un lit de feuilles et j'ai voulu immortaliser cette image que je voyais sur le sol.
(Photo: D. MINY).

Ma Japonaise; je vois une Japonaise avec mes yeux d'artiste. (Photo: D. MINY).

Aller plus loin...

Ça ne me suffisait pas. Je continuais à me renseigner et par hasard à trouver le rêve à concrétiser: aller en Italie, à Ravenne, pays de la mosaïque. Je me renseigne; je contacte une école privée; j'ai des réponses. Je me fais un budget... et je me dis: et si jamais je n'arrive pas à maîtriser la technique de mosaïque contemporaine (ou alors la mosaïque byzantine)? Je poursuis le rêve et, de démarches en démarches, on m'envoie sur le site de Mosaïkashop à Montréal. Je contacte la responsable-propriétaire Suzanne Spahy. Elle me suggère de consulter son site Web. Je trouve le cours tant convoité donné à Ravenne en Italie, mais.... ici à Montréal en janvier 2018. Mon cadeau de Noël était trouvé. Je m'inscris au cours de mosaïque classique donné par le mosaïste et professeur de renommée internationale, Enzo Tinarelli.

Quatre jours de cours intensifs. Nous étions une dizaine dans l'atelier situé dans un édifice sur le Plateau, à Montréal où tous les étages sont consacrés apparemment aux artistes de tout calibre et discipline. Une énergie merveilleuse. Se sentir bien dans un environnement où la création suinte des murs! Malgré le temps épouvantable (neige, pluie, vent, mais pas de froid sibérien, etc.), rien ne m'aurait empêchée de participer à cette classe de maître (Master Class).

Un cours magistral avant d'entamer le travail, il fallait maintenant s'habituer à deux nouveaux outils indispensables pour la mosaïque contemporaine: la marteline et le tranchet. Quatre jours à défier le marbre à couper en tesselles pour mettre au monde un poussin qui probablement a été trouvé dans quelconque découverte archéologique. Il a pris forme le petit oiseau. Mais pour ma part, dans de petites souffrances: ne pas arriver à maîtriser ce marteau lourd et ce tranchet qui coupait les plaques de marbre avant,  petit à petit, de réussir à former des petits morceaux, tesselles, qui constitueraient le corps de cet oiseau. Il y a de nombreuses étapes, mais au final, après quatre jours, même si la dextérité n'était pas au rendez-vous - mais Rome ne s'est pas construite en un jour... ni Paris... - avec la patience et l'aide du maître Enzo Tinarelli, beaucoup d'aide, le petit poussin est apparu... bien frêle, de dessous la gaze qui l'a recouvert, une des étapes obligatoires pour respecter la technique.

J'ai des croûtes à manger. Mais, les prochaines semaines seront consacrées à couper les tesselles au bon format. Après ce sera la réalisation d'une oeuvre, la mienne, avec les techniques différentes apprises depuis six mois.

Certes, le projet d'aller en Italie, même en France où j'ai pris des contacts avec des formatrices qui utilisent d'autres techniques, notamment le verre, devrait bien se concrétiser en 2018.

Un travail de persévérance, c'en est un de première. On peut vite baisser les bras. Quand le travail est fini, on se dit, mais tout cela semble si facile, il suffisait de suivre les lignes et placer les tesselles là où elles doivent aller, mais l'oeil cligne et finit par ne plus voir... c'est alors que les maîtres mosaïstes interviennent et nous rappellent sans cesse: suivre les contours, couper de vraies tesselles, faites vivre votre sujet. Il faut répondre à l'oeuvre qui nous conduit dans ses méandres. 

C'est tout un art la mosaïque contemporaine. On s'en reparle dans un an! 


Mon village: Maskinongé

 Texte et photos Danièle Miny Il y a cinq ans, je m'installais à la campagne. Je m'y suis trouvée une maison quasi centenaire où il ...