mardi 12 octobre 2010

Yves Laforest

Prendre la parole, faire sa place

Aujourd'hui, une de mes connaissances me disait qu'il fallait dans la vie prendre sa place, faire sa place, prendre la parole. Je ne sais pourquoi, mais un souvenir fort m'est revenu:

Le premier Québécois à atteindre le sommet de l'Everest en 1991, Yves Laforest m'avait accordé une entrevue dans le cadre d'une édition que je préparais pour des enfants; cet article, voire ce dossier, relatif à l'alpinisme et au courage, je l'ai inséré dans deux revues jeunesse desquelles j'étais rédactrice en chef entre 1991 et 1995.

Il m'avait donné rendez-vous dans un restaurant à la sortie d'Iberville, en banlieue de Montréal. Je m'apprêtais, sans le savoir, à monter le mont Grégoire avec lui. Je lui avais dit: «Je veux prendre des photos de vous, en action». Il m'a prise aux mots. En bas de nylon, j'ai accepté tout de même de faire cette ascension. En haut, voyant que mes petits talons n'auraient pas porté ma descente, il m'a prêté ses chaussures d'alpiniste. C'est comme un violoniste, jamais il ne prêterait son Stradivarius... Yves Laforest m'a prêté ce qui était le plus cher à ses yeux: ses chaussures. Je n'oublierai jamais cela. Ni  l'annonce, quelques années plus tard, de sa disparition lors d'une expédition dans l'Ouest Canadien; j'ai laissé sur Facebook un lien sur l'annonce de sa disparition et les recherches entreprises sans succès.

«Personne ne m'écoutait»
 Lors de cette interview, je lui ai demandé quels avaient été les motifs de cette expédition? «Personne m'écoutait quand je parlais; on pouvait être entre amis en famille, quand je parlais... personne ne prêtait attention à ce que je disais». La vie a fait qu'il a monté une expédition avec plusieurs personnes; il fut le seul de son équipée à atteindre le sommet. «Depuis que j'ai atteint le sommet de l'Everest, tout le monde m'écoute, tout le monde veut me rencontrer... d'un seul coup j'existe». Je ne pense pas que ce sont uniquement ces raisons pour lesquelles Yves Laforest s'est investi dans une si grande aventure, et en a entrepris plusieurs autres par après. C'était un être humain extraordinaire. Il m'a appris que pour ne pas perdre l'équilibre, il fallait se centrer au milieu de soi-même, à la base du nombril! Il a raison... pas plus tard qu'hier, en reportage dans un aréna où, sur un banc étroit, en équilibre, je suis montée pour prendre une photographie des patineurs, j'ai failli tomber à la renverse car j'ai peur du vide... j'ai pensé à ce qu'il m'avait dit et j'ai placé mon attention au centre de moi-même.... et je ne suis pas tombée.

J'ai eu la chance dans ma carrière de journaliste de rencontrer des gens extraordinaires desquels j'ai beaucoup appris: Yves Laforest est le premier sur la liste. Parfois, je relis la dédicace qu'il m'avait écrite sur la première page de son livre, Yves Laforest sur le Toit du monde, publié chez Stanké. C'est grâce à lui que j'ai rencontré un autre grand avec qui j'ai fait plusieurs entrevues: Bernard Voyer.

Photo et hommage: http://www.civil.usherbrooke.ca/hydro/Clubs/Hommage%20à%20Yves%20Laforest.htm

Mon village: Maskinongé

 Texte et photos Danièle Miny Il y a cinq ans, je m'installais à la campagne. Je m'y suis trouvée une maison quasi centenaire où il ...